"Kosovo je Srbija - Kosovo is Serbia". An ethnography of Serbian pilgrimages in Kosovo.

Au cours de mes nombreux séjours en Serbie, il m’a souvent été donné d’observer chez plusieurs de mes interlocuteur-rice-s un fort attachement au Kosovo, parfois considéré comme le « berceau historique de la Serbie ». Pour un nombre important d’individus, cette

région au sud de la Serbie attise sentiments et discours. Intéressé depuis plusieurs années par les Balkans et les diverses questions historiques, sociales, culturelles et politiques, qu’ils soulèvent, j’ai décidé, dans le cadre de cette thèse, de questionner les liens symboliques entre la Serbie et le Kosovo qui ressortent au travers des pratiques pèlerines serbes au Kosovo.

Comme nous le verrons, ce lien est historiquement conflictuel – et le emeure encore aujourd’hui – en raison d’un passé sujet à de nombreuses constructions discursives. Dans ce

contexte, les usages politiques du passé, les constructions mémorielles autour d’un

événement central de l’histoire serbe, la bataille du Kosovo (1389), ainsi que leurs contextes de production, de diffusion et de réception seront des objets d’analyse particulièrement féconds afin d’approcher certains des éléments participant à la constitution et au maintien des États-Nations.

Cette compréhension passera notamment par une analyse des relations entre les domaines du politique et du religieux et notamment de l’implication de l’Église serbe orthodoxe dans la politique étatique des différents pouvoirs qui se sont succédés dans la région depuis les

premières luttes d’indépendance au début du XIXème siècle, alors que les empires ottoman et austro-hongrois régnaient en maîtres sur la péninsule balkanique. L’étude des pèlerinages au Kosovo organisés par différents acteurs tels que des mouvements politiques, l’Église serbe orthodoxe ou des agences touristiques grâce à la méthode

ethnographique sera l’occasion d’identifier les différents processus socio-culturels et politiques qui ont fait du Kosovo, selon les termes du diocèse orthodoxe de Raška et Prizren, « The Land of the living past »