L’intégration sociale des retraités comme défi pour le 21ème siècle?

L’approche de la retraite sous un angle qui ne soit pas essentiellement économique, n’est pas évidente a priori. En Suisse, la grande majorité des débats actuels sur le sujet se focalise sur le financement de l’AVS. Le vieillissement démographique, l’amélioration de l’état de santé des retraités notamment, ainsi que les constats des effets de mise à l’écart liés à la situation de retraite, sont prétextes à diminuer la protection sociale qu'assure l’AVS. L’élévation de l’âge de la retraite est présentée comme la solution idéale pour garantir le financement de l’assurance sur le long terme. Or, elle ne fait que repousser le problème de la mise en marge des retraités et ne tient pas compte de la grande diversité de leurs profils socioéconomiques.

Par ailleurs, face aux risques sociaux actuels, notamment consécutifs à la fin des Trente glorieuses, les retraités peuvent se présenter comme des facteurs de cohésion sociale. Mais le rôle d’acteur social que jouent les retraités et les ressources qu’ils représentent semblent peu reconnus au niveau politique.

Ce pan de la réflexion autour de la retraite, qui n’est pas directement lié à la question financière, est absent du débat politique en Suisse. Il semble que la croyance, socialement partagée, d’une adéquation naturelle entre les besoins de l’économie privée et publique de conserver les seniors dans l’emploi, et les revendications de retraités pour une meilleure reconnaissance sociale, escamote une situation plus complexe sur le terrain. C’est cette situation que nous explorons dans ce travail de recherche.

Sur le plan théorique, nous nous référons à la perspective constructiviste puisque nous considérons l'objet sous l’angle de son avènement social. À cette fin, nous effectuons une démarche sociohistorique afin de comprendre les racines et l’évolution des représentations et des débats sur la retraite en Suisse, des prémisses de la création de l’AVS à nos jours. Nous nous tournons également vers les retraités eux-mêmes afin de comprendre comment ils se situent par rapport à ces débats.

L’ensemble de cette étude est essentiellement inductive et se base sur une méthode qualitative d’analyse de contenu. Nous recourons à de la documentation déjà existante et à des entretiens semi-directifs.