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Title

Vers une pédagogie de la panne : réparer, réutiliser,créer, transformer pour mieux comprendre technologies d'information et de communication

Author Anais BLOCH
Director of thesis Anne Bationo-Tillon
Co-director of thesis Alice Aterianus-Owanga
Summary of thesis

Parmi les nombreux débats sur les technologies de communication et de l’information, la question de la transition écologique occupe une place prépondérante. Actuellement le numérique représente 3 à 4 % des émissions mondiale de gaz à effet de serre, il nécessite des métaux rares, de l’eau, sa consommation électrique ne cesse d’augmenter, sans compter la difficulté à recycler les déchets électroniques comme le soulève le dernier rapport de l’ONU. Afin de remédier à ce problème, de nouvelles directives voient le jour pour prévenir l'accumulation de ces déchets et promouvoir la récupération, le recyclage et la réparation des équipements électroniques. Réduction à la source, réutilisation et réparation, recyclage, récupération des matériaux, sensibilisation et éducation, réglementation et responsabilité élargie des producteur.ice.s ressortent comme principales directives. Comment s’inspirer de ces recommandations dans le domaine de l’éducation ? D’un côté les politiques publiques tentent d’accompagner la transition numérique de la société notamment par l’approvisionnement d’outils numérique au sein des classe, impliquant par la même occasion un renouvellement régulier du parc informatique. De l’autre, des initiatives de comité citoyen voient le jour en vue de militer contre la stratégie cantonale d'éducation numérique de l'école obligatoire. Nous pensons notamment au projet EdunumNon qui dénonce le plan d'achat massif d'équipements numériques dans le canton de Fribourg. Quelques cantons plus loin, lors de la séance d’accueil à la Haute École pédagogique Vaud en septembre 2023, la directrice adjointe de formation précisait que la durabilité, le numérique et l’inclusivité seraient les axes principaux de la formation cette année. Est-ce alors possible de réfléchir à ses trois axes dans une même logique, alors qu’ils semblent à première vue difficilement compatibles ?

 

Depuis quelques années le thème du bricolage numérique émerge auprès d’associations numériques sociales et solidaires, ou dans le cadre de pratique amateur·ice·s, dans des communautés de pratiques à la croisée de l’art, du design et des mouvements Maker. Ce qualificatif évoque des formes de bricolage électronique, comme son nom l’indique, autour de la ré-utilisation d’objets mis au rebut, et de leur mise à jour par hybridation avec des techniques plus récentes. Ainsi les modes d’apprentissages et d’utilisation d’objets techniques qu’ils soient contemporain ou plus anciens sont réenvisagés par diverses manipulations matérielles (Ingold et al.,2017), conceptuelles, artistiques et collaboratives.

 

La thèse ambitionne d’observer ces pratiques et de les considérer comme fertiles d’un point de vue pédagogiques pour repenser notre rapport à l’éducation numérique. En effet, il faut apprendre à regarder attentivement, observer et tester les équipements pour pouvoir les transformer. A travers ces diverses techniques de détournement un nouveau corpus de savoir se construit et se déploie. Un corpus qui passe d’ailleurs par l’usage du corps, par la manipulation, le déplacement, la mise en mouvement de soi et des artefacts. Plutôt que de remplacer les tableaux noirs par des écrans, ou de fournir des tablettes neuves aux élèves, serait-ce possible d’envisager une éducation numérique par l’usage d’objets « déjà là » ? Comment penser la réparation des objets numériques au sens anthropologique du terme, afin de réparer notre monde cassé ? Dans cette optique, il s’agira de documenter des pratiques artistiques, associatives et pédagogiques mettant le corps à l’ouvrage afin de réparer, démonter, détourner, créer, transformer pour mieux comprendre les technologies numériques dans le champ de l’éducation informelle. L’une des spécificités de cette recherche consistera à réaliser des « ethnographies dessinées », méthode que je mets en place depuis 2017 et qui me permet de décrire la dimension incorporée et sensible de ces pratiques. Mener cette recherche sous forme de la bande dessinée, des formes d’écritures alternatives permettra de faciliter le renouvellement des formes de connaissances. En parallèle et pour mieux comprendre le contexte d’éducation numérique institutionnel actuel, des ethnographies dessinées seront aussi réalisées auprès d’enseignant.e.s en sciences informatiques qui mettent en place des méthodes et outils pédagogie en partant de la matérialité des objets comme mode de transmission.

 

La thèse permettra ainsi de provoquer des mises en délibération des pratiques au sein de la communauté de pratiques enseignants autour des dessins ethnographiques réalisés aussi bien dans le champ de l’éducation numérique formelle qu’informelle.

Status beginning
Administrative delay for the defence
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